CAMÉCRANS
Protocole
Je capte ma danse, simultanément :
- avec le camécran de mon téléphone face aux 2 ordinateurs.
- avec les camécrans des 2 ordinateurs par l'application PhotoBooth.
- le son avec un autre téléphone proche de moi.
Montage avec DaVinci : j'assemble les deux vidéos captées par les 2 ordinateurs
côte à côte pour confronter les deux visions des ordinateurs.
Montage avec iMovie :
- Vidéo 2 "oeil et oreille du téléphone" : vidéo prise du téléphone et
synchronisation avec le son de l'autre téléphone.
- Vidéo 1 "yeux de l'ordinateur" : vidéo des camécrans des ordinateurs (assemblage
DaVinci) et ajout de bruit blanc* à chaque fois que le corps apparaît dans un des
deux écrans.
* enregistrement par téléphone de mon souffle, ensuite modifié et ralenti pour créer un bruit blanc
Vidéo 1 : yeux de l'ordinateur
L'ordinateur surveille la salle, capte le moindre bruit qui entre dans son œil. Mon corps entre ces deux "yeux" vient jouer et danser pour l'ordinateur.
Vidéo 2 : œil et oreille du téléphone
Mon téléphone capte l'ensemble avec son "œil" et son "oreille", reconnaît mon souffle, mes pas et mes jeux. Je ne peux plus le duper.
Cette création est une exploration à mon usage personnel des camécrans, avec lesquels je filme mes danses. J'aime manipuler les spectateur·ice·s avec ces outils (son et lumière). Je suis sensible aux palettes de couleurs spécifiques à la vidéo que je veux produire, ccomme si je mettais en avant la synesthésie interne que me procure la danse et le son.
Je tente ici d'illustrer la relation que l'on tisse avec le camécran. Les appareils agissent comme des personnages vivants, interagissants entre-eux et avec mon corps. Ils tentent de reconnaître et capter le dialogue humain. Je souligne le lien intime que j'ai à mon portable, qui m'accompagne partout et tous les jours dans ma danse.
Je veux également montrer la lutte dans laquelle l'ordinateur tente de mimer l'organique. Lorsqu'un corps entre dans son champ de vision, le bruit blanc s'active, comme s'il interprétait la perturbation par ce son et essayait de camoufler son incompréhension de l'action.
DANSE POUR ORDINATEUR
Emma
Vidéo 1 : yeux de l'ordinateur
Vidéo 2 : œil et oreille du téléphone
PROCESSUS CRÉATIF
C'est après plusieurs expérimentations que j'ai abouti à ces deux vidéos.
Le départ a été la présence de ces deux ordinateurs au fond de notre espace de travail, dont les fonds d'écrans aux couleurs saturées venaient contraster avec les montagnes et nuages gris du dehors. Je les sentais comme une entité qui observaient le workshop en silence, webcams prêtes à être activée. J'ai donc activé ces deux camécrans et j'ai observé l'espace non couvert par la vidéo. Cette étrangeté dans les corps passant d'un écran à l'autre m'a donné envie d'explorer ce chemin.
J'ai testé ces deux types de camécrans et de point de vue assez instinctivement. Cette dualité me paraissait logique dans ce que je voulais dévoiler : le jeu de cache-cache avec les deux ordinateurs. Le son de mon souffle synchronisé à la vidéo du téléphone m'est apparu tout de suite comme quelque chose d'intime et de plus doux, confronté à la "vidéo-surveillance" plus froide des deux ordinateurs. J'ai cependant eu plus de mal sur le traitement du son pour cette dernière vidéo. L'idée était de souligner la recherche de vivant par l'ordinateur. Sous les conseils de Alice Lenay, j'ai ré-employé le traitement du son des réunions Zooms notamment; l'apparition de bruits blancs lorsque l'ordinateur semble détecter une intervention volontaire d'un·e intervenant·e. Ici, c'est le repérage de corps qui déclenche le bruit.
J'aimerai continuer à développer cette idée avec une chorégraphie plus travaillée qui viendrait également évoluer et s'adapter aux deux camécrans. De même, pour le traitement du son, je souhaiterai inclure de la musique et souligner l'idée d'accès infini à celle-ci. Elle peut sublimer une vidéo de danse et gommer les défauts techniques, sans pour autant rendre la composition moins organique et réelle.