Atelier numérique
MACI - UGA
CAMÉCRANS
Pour cet atelier, nous essayons de comprendre, ressaisir et détourner certaines pratiques de nos outils numériques personnels, principalement les téléphones portables dits « intelligents », les ordinateurs et tablettes.

Échanges d'images et de messages : ces appareils munis de caméras et connectés à internet nous permettent de nous rencontrer, communiquer, errer, résister, bifurquer.

Nous passerons en revue quelques problématiques politiques et esthétiques liées à l'usage des camécrans à partir d'expérimentations artistiques (protocoles d'écritures collectives et collaboratives ; récupération, partage et collection de données, d'images, de vidéos et de textes ; films visiophoniques ; performances et poésie en ligne).
> HUGO
> ANAÏS
> PIERRE
> CLARISSE
> ALEXA &
ANNE-LAURE
LE REGARD
DANS LE RÉTRO !
Avec le travail de Clarisse, il s'agit de nous situer dans l'espace par le biais de l'image-rétroviseur. Tenant le camécran devant elle en mode selfie, elle avance dans la perspective en allant à reculons, guidée par l'image devant elle. Ce double mouvement (avant, arrière) démontre pleinement la proposition du camécran tout en ouvrant des enjeux de spatialité : comment l'image permet-elle de nous situer dans l'espace ? Quels nouveaux rapports de distance s'inventent dans cette danse reculée ? Comment le camécran permet-il d'ouvrir l'espace derrière nous, de nous donner en quelque sorte des « yeux derrière la tête » ? À partir d'une série de repères dans l'espace ou d'errance à travers les couloirs de la MACI, Clarisse navigue, prudemment, (retro-)guidée par l'image.

La collaboration entre Alexa et Anne-Laure implique une série de camécrans fixes, tous connectés les uns aux autres par un système visiophonique. Les différentes performeuses devant leurs camécrans sont perturbées dans leur cadrage par l'arrivée à l'arrière plan d'un danseur au centre de leurs différents angles de prise de vue. Tantôt elles tentent de le masquer par leur visage au premier plan, tantôt de l'accueillir en poussant leur visage d'un bord à l'autre du cadre. Ce mouvement qui cache ou révèle l'arrière plan par une série de cadrage, recadrages et surcadrages est alors modulé, non seulement par le mouvement latéral des visages, mais également par des rapports d'échelles : les performeuses s'approchent de la caméra ou s'en éloignent, finalement attirées au centre de leur espace commun. Au départ isolées dans leur cadre, elles conquièrent leurs perspective individuelles pour se rejoindre dans l'espace commun.

Attentif aux voyages de l'image, Pierre invente un dispositif de miroir d'interfaces. Deux camécrans se font face, mais au lieu d'échanger seulement les images de leurs caméras, les appareils s'échangent en fait des « partages d'écrans ». Dans cet éco-système de cadres, Pierre envoie un extrait vidéo d'archive que nous voyons circuler entre différents écrans, au fil d'une série de délais, provoqués par la connexion. L'archive voyage dans le temps des miroirs d'écrans.

En filmant un camécran avec une caméra mobile, Hugo crée des reflets infinis qui décrivent une perspective vertigineuse. À chaque micro-mouvement de la caméra mobile, les images abstraites réagissent en miroir, ouvrant des formes abstraites qui se développent en écho dans la perspective. Dans ce dispositif au(x) cadre(s) instable(s), Hugo insère des événements fugitifs, comme la flamme d'un briquet, ou le passage d'un objet, qu'on peut voir plonger au centre de l'image, déjà fini au premier plan, mais se poursuivant dans les échos.

Enfin, Anaïs s'est intéressé à la mobilité des camécrans mobiles (smartphones en particulier). En invitant différents participants à filmer tout en se déplaçant, elle récupère des images mobiles plus ou moins abstraites. Ces images traduisent les mouvements du corps en déplacement, dans la rue, dans les transports, au creux de la main. C'est le point de vue de l'appareil incarné dans sa matérialité qui nous donne une perception de nos corps mobiles.
Les différents projets qui ont émergé lors de cet atelier ont tous convergé vers l'idée d'un camécran compris comme rétroviseur. En se filmant par la caméra frontale, ou « caméra selfie », notre attention s'est portée vers le décor dans lequel nos visages s'inscrivent. Entre performance et vidéo expérimentale, les différentes productions questionnent notre rapport à l'espace, au mouvement et à la perception.
Atelier janvier 2023
Atelier janvier 2024
> FANY
> EMMA
ENTRE DEUX
SOI
> ALBANE
> RÉMI
> CORENTIN
> AMÉLIA
> MOHAMED-
LAMINE
Pour cet atelier sur les camécrans, le groupe a développé
un ensemble d’idées et d’expérimentations sur l’entre-deux :
entre-deux images de soi, le trajet des corps entre les cadres,
l’emboîtement délicat des points de vue et des visages.
Emma explore une « danse pour ordinateur », naviguant entre les deux points de vue de camécrans fixes. Elle danse entre ces points de vue, donnant à voir une main ou une hanche dans un cadre ou dans l’autre. Ces deux cadres sont assemblés dans un splitscreen qui donne à sentir les deux yeux d’un personnage et explicite, au centre de l’image constituée, un point aveugle, un hors-champ paradoxalement central. Le corps joue avec sensibilité dans cet interstice, activant le son d’un cadre ou de l’autre dès qu’une main ou une hanche se laisse voir. La danse reconstitue parfois un corps mutant, pris entre deux images et mangé en son centre.

Rémi développe un protocole de captation d’une rencontre entre quatre camécrans mobiles. Placés à différents endroits de deux corps marchant dans un bâtiment vide (sous le visage et dans la poche), les camécrans nous donnent à sentir un déplacement dans l’espace. Les quatre images rassemblées dans un splitscreen nous donne des indices à la fois sur les mouvements des corps, sur la singularité de nos démarche, mais aussi des indices sur le trajets et le moment de la rencontre chorégraphiée : les deux corps se font face, se salut et reprennent leur route.

Corentin élabore un face-à-face entre deux camécrans mobiles qu’il déplace dans l’espace. Les deux images en miroir l’une de l’autre déplient une architecture complexe de la salle traversée, démultipliant les reflets, décalant les points de fuite, dédoublant les horizons. Pris entre ces deux écrans, nous opérons différents trajets aux coordonnées troublées. Soulevant l’un des camécrans en fin de séquence, Corentin révèle le déplacement effectué et nous redonne de la stabilité.

Fany propose un montage qui explore la bande son d’une conversation visiophonique entre deux personnes. La conversation contrainte par une mauvaise connexion est métaphorisée par la rencontre de deux corps dans une cage d’escalier. Les visages sont masqués, remplacés par des camécrans mobiles. Le cours-métrage déplie différentes facette de ce croisement entre les deux images, les deux corps, les deux voix.

Mohamed-Lamine conçoit un protocole de description de l’espace en se filmant en mode selfie. Le visage au premier plan ne se rapporte pas au décor dans lequel il s’inscrit à l’image mais nous donne des indices de ce qui se trouve devant, au-delà du camécran. Si nous sommes dans une proximité évidente avec le filmeur-filmé, portés au creux de sa main et devant son visage, un hors-champ s’ouvre : les indices de l’espace et de l’atmosphère du lieu nous parviennent par les mots et l’expressivité du visage, qui agissent comme un deuxième écran, un ricochet du regard.

Albane parcourt une archive personnelle de vidéos de son quotidien (1 seconde par jour). Le protocole de captation-montage organisé par une application donne une série d’aperçus de scène qui ne se développent pas. Albane tente de prendre du recul sur cette matière en faisant émerger des motifs qui reviennent au fil de ces séquences extrêmement courtes, pour retisser un montage singulier et faire émerger des lignes poétiques à travers des listes de mots.

Amélia enquête sur la pratique de la mise en scène de soi dans différents registres de vidéo (qui ont émergé sur YouTube notamment). Room tour, vlog, tuto make up, vlog : ces différentes façons de se mettre en scène sont explorées paradoxalement à partir des bords de la mise en scène, ce qu’on ne voit pas dans le processus de captation, les avants et les après, les tics de langage, les postures relâchées, la gestion des fichiers.
> KIM
Les caméras sur nos écrans